Le courroux du panda roux

Ça suffit. Y’en a marre que l’être humain prenne notre montagne pour une poubelle !

Je vis près de Dingboche, un village népalais perché à 4400 mètres d’altitude. Jadis tranquille, depuis quelques décennies, notre petit coin de paradis glacé est littéralement colonisé par une foultitude d’individus chargés comme des mulets. Grand-père dit que ce sont des alpinistes et des trekkers, des créatures mi-hommes, mi-arachnides.

Ils transportent d’énormes sacs à dos et grimpent tous péniblement vers une même destination, le mont Everest. On se demande bien ce qu’ils lui trouvent, à l’Everest. Le climat y est hostile et surtout irrespirable. D’ailleurs, certains n’en redescendent jamais.

 

Les raisons du courroux

 

Le problème, c’est que ces humains sont de plus en plus nombreux. Ils défigurent notre paysage avec des constructions affreuses qui poussent comme des champignons. Bientôt, il y aura plus d’hôtels à Dingboche que de pandas roux. On marche sur la tête ! De plus, les hommes font tellement de bruit qu’ils font fuir nos casse-croûtes. Parfois, il nous faut parcourir des kilomètres avant de trouver une souris ou un œuf d’oisillon.

De surcroît, comme si ce n’était pas déjà suffisamment pénible pour notre communauté, ces visiteurs ne respectent rien. Ils laissent derrière eux tout un tas de choses laides et inutiles qui ne se mangent même pas. Bigre, ce sont des déchets. Bouteilles d’oxygène, toiles de tente déchirées, canettes vides et sacs en plastique jonchent nos pentes enneigées.

Ainsi, notre jolie montagne devient, au fil du temps, une véritable décharge à ciel ouvert et ça n’a l’air de choquer personne.

Ce matin, il faisait beau et je suis parti à la recherche de lichen ou de racines à me mettre sous la dent. J’ai découvert des choses étranges, ensevelies sous la neige. Grand-père dit que ce sont des os humains, un crâne et ce qu’il reste d’un squelette. Horreur !

Avec toutes les nuisances que nous subissons, nous songions depuis longtemps à déménager, mais là, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le fil à couper le beurre. Je fais mes valises, on s’en va !

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